
Mon Enfant Autiste ne Parle Pas
Que Savoir et Quand Agir ?
Le Retard de Langage dans le Trouble du Spectre de l'Autisme
Le retard de langage est une caractéristique fréquente mais non systématique du trouble du spectre de l'autisme (TSA). Contrairement à un simple retard de parole, qui ne concerne que la prononciation, le retard de langage dans l'autisme est intimement lié aux difficultés de communication sociale. Les recherches en neurodéveloppement indiquent que les défis que l'enfant autiste rencontre dans ses interactions sont à la base de ses difficultés à acquérir le langage oral.
Comportements& difficultés d'apprentissage du langage oral
Le langage est une compétence sociale qui s'apprend par l'échange et l'imitation. Pour un enfant autiste, certains comportements et traits spécifiques peuvent rendre cet apprentissage particulièrement complexe :
Difficultés de communication non-verbale : Les enfants autistes peuvent avoir du mal à utiliser ou à comprendre le contact visuel, les expressions faciales ou les gestes (comme pointer du doigt ou faire "au revoir"). L'absence de ces précurseurs non-verbaux rend difficile la construction des premières interactions, qui sont pourtant cruciales pour l'acquisition des mots. Par exemple, si l'enfant ne suit pas le regard de son parent pour découvrir un objet (attention conjointe), il ne peut pas faire le lien entre le mot et l'objet.
Intérêts restreints et comportements répétitifs : Un enfant autiste peut être très absorbé par des intérêts spécifiques (comme faire tourner les roues d'une voiture) ou des comportements répétitifs (balancements du corps, mouvements des mains). Ces fixations réduisent son intérêt pour le monde extérieur et limitent les opportunités d'interactions spontanées, nécessaires à l'apprentissage du langage.
La "main-outil" : L'enfant peut utiliser la main d'un adulte pour atteindre un objet inaccessible, comme si la main était un outil, sans chercher à communiquer son besoin par le langage ou le geste. Cette absence d'initiation à la communication sociale est un signe d'alerte important.
La répétition de mots (écholalie) : Il est fréquent que l'enfant autiste répète des mots ou des phrases entendus à la télévision ou dans son entourage. L'écholalie immédiate ou différée peut être une forme de communication, mais elle ne remplace pas un langage fonctionnel et spontané.
Ces défis ne sont en aucun cas le reflet d'un manque d'intelligence, mais d'un fonctionnement neurologique différent qui rend l'acquisition du langage complexe.


Signes à surveiller dès le plus jeune âge
La détection précoce est la clé. Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), les parents doivent être attentifs à certains signes dès la petite enfance. Un retard de langage associé à ces comportements doit alerter :
Entre 0 et 12 mois : Absence de babillage (sons comme "ba-ba", "ma-ma"), peu ou pas de contact visuel et absence de réaction à l'appel de son prénom.
Entre 12 et 18 mois : Ne fait pas de gestes communicatifs comme pointer du doigt, dire "au revoir" ou ne tente pas de produire ses premiers mots.
Entre 18 et 24 mois : Ne combine pas deux mots et n'imite pas les gestes ou les sons de son entourage.
Au-delà de 24 mois : Absence de jeu d'imitation (faire semblant de cuisiner, etc.) et des difficultés à initier des interactions ou à y répondre.


L'importance de l'intervention précoce
La plasticité cérébrale est maximale durant les premières années de vie. Les études scientifiques, notamment celles de l'Inserm, convergent pour souligner que plus la prise en charge est précoce et intensive, plus les chances d'améliorer le langage et les compétences de communication sont grandes. Une intervention précoce aide l'enfant à :
Développer les fondations de la communication : avant même les mots, l'enfant apprend à partager son attention, à utiliser des gestes et à interagir.
Réduire les comportements difficiles : les troubles du comportement peuvent être une façon pour l'enfant d'exprimer ses frustrations lorsqu'il ne parvient pas à se faire comprendre. L'apprentissage de la communication peut réduire ces manifestations.
Améliorer l'autonomie et l'inclusion : une meilleure capacité à communiquer favorise l'intégration sociale et scolaire, ce qui a un impact positif sur la qualité de vie de l'enfant et de sa famille.
La prise en charge est généralement pluridisciplinaire, incluant orthophonistes, psychologues et autres professionnels, qui travaillent en étroite collaboration avec les parents, premiers partenaires dans le développement de leur enfant.
